Notre histoire

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Notre histoire

En résumé : 1886 - 2010

PREFACE
Lorsqu’en 1850 les habitants de Fayt-lez-Seneffe adressèrent une pétition en 8 points à la Chambre des Représentants, ils réclamaient notamment :
- la révision de la Constitution
- l‘ établissement d’un impôt progressif sur les revenus
- l’ impôt sur les objets de luxe et la limitation des traitements du haut clergé et des hauts fonctionnaires
- suppression des inspecteurs ecclésiastiques de l’Etat
- l’enseignement gratuit
- l’abolition des droits sur la nourriture, de la patente chez l’artisan et le petit détaillant et ils avaient l’outrecuidance d’ajouter qu’ils osaient espérer que ces réformes seraient adoptées au cours de la présente session parlementaire.

Les braves ! s’ils savaient que leurs préoccupations sont toujours l’objet du débat politique actuel, 135 ans plus tard. Pour citer Julos Beaucarne et son texte « Périclès », si « les choses ont bien changé … ça par contre ça n’a pas changé ».
Ce sont ces hommes simples, un peu naïfs qui ont entamé une œuvre considérable, méconnue par beaucoup et sans laquelle la condition sociale de l’homme ne serait pas ce qu’elle est mais ce qu’elle risque de redevenir si nous n’y prenons garde. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’honorer leur action, eux qui ont donné leur nom à certaines rues de la localité.

Le Trésorier
Jean-Pierre DEBAISE





UN PEU D’HISTOIRE

1. Préambule
Afin que nous puissions comprendre les débuts du socialisme, dans le Centre, à partir de la seconde moitié du 19ème siècle, il convient de nous remémorer la genèse de la révolution industrielle.
En effet, une invention, la machine à vapeur, apparue dans le dernier tiers du siècle précédent, va bouleverser l’ordre social établi et faciliter le développement de la grande industrie.

2. La Révolution inductrielle et le machinisme
Dans le courant du 18ème siècle, dans les campagnes et dans les bois entre Seneffe, Binche et Le Roeulx apparaissent des machines crachant le feu comme des dragonset signalant la présence des premiers charbonnages. Cette contrée profondément agricole et pastorale voit complètement se métamorphoser son ordre social par l’extraction intensive de cette nouvelle source d’énergie qu’est la houille.
A proximité de ces puits, et combien nécessaires à l’alimentation de ces machines à feu, naissent des fabriques et des manufactures. La main d’œuvre locale ne suffit bientôt plus et à côté des carreaux des fosses et des cours d’usines s’érigent les corons où les travailleurs flamands et luxembourgeois viennent s’établir.

3. Le premières actions ouvrières
Depuis la Révolution Française de 1789, par la suppression des corporations et des compagnonnages et, par la promulgation de la loi LE CHAPELIER (1791) qui interdit de constituer des associations visant à des fins économiques et sociales, on essaye de punir, sous le prétexte de la préservation des libertés individuelles, la coalition des ouvriers tandis qu’on tolère celle des patrons.
A l’intérieur de ces corporations et de ces compagnonnages, les « compagnons » s’opposent bien entendu à l’intérêt des « maîtres » mais offrent vis-à-vis de l’extérieur un front commun uni malgré leurs luttes intestines.

Depuis la fin du 18ème siècle où commencent à s’établir les premières grandes usines textiles et métallurgiques mais surtout au début du 19ème siècle, en raison des progrès de la mécanisation et de ses conséquences (la sous-prolétarisation des ouvriers artisanaux jusque là demeurés privilégiés), une nouvelle classe sociale va naître, se développer rapidement : le PROLETARIAT INDUSTRIEL.

Ce sont de ces ouvriers artisanaux devenus prolétaires que vont naître, au début du siècle dernier, les premières actions ouvrières. En effet, ces travailleurs arrivent avec leurs traditions d’organisation et de solidarité.
Ce prolétariat devient réceptif à la notion de progrès social développée par de petits groupes de philosophes intellectuels et d’artisans autodidactes. Vers le milieu du 19ème siècle, ces ouvriers et ces intellectuels entrent en relation au sein du mouvement rationaliste et des sociétés de LIBRE-PENSEE.
En Belgique, les premières actions ouvrières sont l’apanage des ouvriers des filatures gantoises, entre 1810 et 1815.
Les premières associations naissent soit dans les régions de vieille tradition industrielle (comme dans la région gantoise avec les fileurs de coton et les tisserands) soit dans les catégories professionnelles les plus instruites (comme les typographes ou les bronziers). Dans une région de nouvelle industrialisation comme la nôtre, les ouvriers sont peu organisés. C’est ainsi que dans la région du Centre, la population ouvrière n’est pas épargnée par les rigueurs du patronat capitaliste :
- longues journées de travail pour un salaire de misère
- travail des femmes et des enfants
- logement insalubre
- aucune protection sociale

Certes, des institutions sociales existent, mais, elles sont créées ou contrôlées par le patronat : citons par exemple la « Caisse de Prévoyance » établie en faveur des ouvriers mineurs des Houillères du Centre ou « La Confrérie Saint-Antoine » des ouvriers faïenciers de Boch Frères.

Cependant les ouvriers du Centre n’en sont pas pour autant moins combattis que les autres. La première grève dont on retrouve la trace est celle qui éclate au Charbonnage de Bracquegnies en juillet 1835, pour une augmentation de salaires (les 300 mineurs manifestent en chantant la Marseillaise). Il apparaît que la première « grande grève », parle retentissement qu’elle eut, est menée en mars 1865 au Charbonnage de Bois-du-Luc ; elle est entamée pour des raisons salariales et échoue quand l’arrestation d’un participant relance l’action pour provoquer sa libération. A la fin du mois de novembre de la même année, une autre grève se déclenche au Charbonnage d’Houssu à Haine-Saint-Paul et se poursuit une semaine durant.

Bien que spontanés, tous ces mouvements conservent un caractère calme et demeurent isolés, à l’opposé des régions boraine et carolorégienne qui connaissent de véritables convulsions sociales.

4. Les premières organisations ouvrières
En 1861, César DE PAEPE et Désiré BRISMEE fondent à Bruxelles « LE PEUPLE » association de la démocratie militante, qui va publier la Tribune du Peuple.
C’est le 28 septembre 1864, à Londres, que se fonde « l’Association International des Travailleurs » mieux connue sous le nom de PREMIERE INTERNATIONALE, qui a pour but de regrouper les associations ouvrières existantes dans le monde et d’en coordonner l’action en adoptant le Manifeste de Karl Marx. Cet important document codifie la pensée socialiste et appelle les travailleurs à s’émanciper. Les délégués belges, essentiellement bruxellois, décident de promouvoir les idées de la Première Internationale en province et plus particulièrement en Hainaut.
Après la région de Charleroi et le Borinage en 1868, le Centre est prospecté en 1869. Le dimanche 22 mars, se déroule à Fayt, Place du Marais (actuellement Place Albert 1er, chez « D’ jan du Gros Franne » (Gustave Dujardin), le premier meeting de l’Internationale dans la région du Centre. Les militants STEENS et HINS occupent successivement la tribune l’un pour y dénoncer les inégalités sociales et le gouvernement bourgeois exploiteur du peuple, l’autre pour y prêcher la formation de magasins économiques en réponse aux brûlantes questions conjoncturelles de l’époque. Presque séance tenante, sont jetées les bases d’une association pour l’exploitation en commun d’un magasin d’épicerie et de mercerie dans le local même où le meeting s’est tenu.



Cette « société de consommation » et sa caisse de secours (les premières créations coopératives et mutuellistes ouvertement socialistes) sont baptisées « LA SOLIDARITE » et rattachées à l’Internationale au titre de « Section de Fayt ». Ce magasin coopératif, repris par Urbain Courthéoux subsiste jusqu’en 1875.
En avril 1870, les sections du Centre de l’Internationale se fédèrent : le 11 octobre 1871, un groupe de valeureux artisans, avec THEOPHILE MASSART à leur tête, jette les bases de la première société de résistance (ancêtre des syndicats) : « l’UNION DES METIERS », véritable fédération du fer regroupant en une association unique machinistes, forgerons, ajusteurs, traceurs, chaudronniers et mouleurs. C’est en 1872, à JOLIMONT, qu’est édifiée la première MAISON DU PEUPLE de Belgique à l’initiative de « La Solidarité » de Fayt, de « L’Union Ouvrière » de La Louvière et de « l’Union des Métiers ».
ABEL WART, EMILE HERMAN et THEOPHILE MASSART, entre autres, fondent « LES LIBRES-PENSEURS » du Centre-Hainaut en 1873.
Le 16 mai 1886, les trois sections de secours mutuel , « La Solidarité » de Fayt, ainsi que celle de Jolimont et Bois-de-Saint-Vaast sont convoquées au local de la section de Fayt, à la Basse Hestre, pour entendre le rapport de la visite de THEOPHILE MASSART et d’ABEL WART au Vooruit à Gand (créé en 1880) pour y décider définitivement de la réalisation d’une grande coopérative de production dans la région du Centre.



LES RUES QUI PORTENT LEURS NOMS
Théophile MASSART
Né à Fayt-lez-Seneffe, le 25 novembre 1840
C’est à l’occasion du premier meeting de l’Association Internationale des Travailleurs, qui se tient le dimanche 22 mars 1869 à Fayt, que le jeune forgeron Théophile Massart est touché par le verbe des orateurs qui enflamment un auditoire enthousiaste
Très rapidement, le cœur et l’esprit de notre homme est gagné par l’idéal socialiste : en 1870, il devient le premier secrétaire de « La Solidarité ».
En 1871, il fonde « l’Union des Métiers du Centre » ; un an plus tard, il acquiert à Jolimont le premier local socialiste belge, dénommé Maison du Peuple. Il fonde en 1873 le premier groupe de Libre-pensée à La Hestre. De 1886 à sa mort, il dirige la première coopérative socialiste : « Le Progrès » à Jolimont.



Emile HERMAN (père)
Né à Fayt-lez-Seneffe, le 16 octobre 1846.
Très jeune, il quitte les bancs de l’école et suit une formation en usine pour y apprendre le métier de mouleur de sable. A peine sait-il lire un journal lorsqu’il adhère au mouvement socialiste.
Cependant, avec une inébranlable persévérance, il s’applique à développer ses connaissances et bientôt partage celle-ci avec ses amis travailleurs auxquels les notions d’éducation sociale, économique et politique font défaut.
En 1872 , il reçoit le mandat de délégué au Congrès International de La Haye. Deux ans plus tard, il s’affilie à la première Caisse de Secours du Centre : « La Solidarité ». L ‘été 1885 le voit représenter les groupes du Centre aux assises qui vony donner corps au Parti Ouv rier Belge. En 1886, il compte parmi les fondateurs du « Progrès » aux côtés de Massart, Rousseau, Mansart. 1887 couronne ses efforts : il est élu au Conseil Communal : c’est l’un des premiers conseillés communaux socialistes du Royaume.
L’une de ses principales interventions peu après son élection a trait au retard de paiement dont les enseignants sont victimes.
Par ailleurs, en 1881 déjà, il aura dénoncé (et entamera un combat de longue haleine contre) le fléau que constitue l’alcoolisme qui sévit particulièrement au sein du monde ouvrier. Précurseur insoupçonné d’une loi proscrivant l’alcool qui prendra corps par l’action d’un autre grand socialiste, Emile Vandervelde, (près de 40 ans plus tard) il verra sa carrière se poursuivre brillamment par l’accession au Mayorat, en 1922, ce qui fera de lui le premier bourgmestre socialiste de la commune.
Le 21 août 1935, il tourne la dernière page d’une œuvre riche, inachevée certes (parce qu’humaine) mais que d’autres poursuivront et perpétuent de nos jours.



Abel WART
Né à Fayt-lez-Seneffe, en 1843.
Après des études primaires et bien qu’élève doué, sa condition de fils de prolétaire le dirige vers les ateliers de la « Franco-Belge ». Remarqué par ses chefs immédiats comme un travailleur intelligent, ses 18 ans le voient reconnaître par ses disciples comme l’un des meilleurs tourneurs. A la même époque, il fait office de secrétaire dans le groupe des tourneurs (qu’il fonde) et adhère à l’Internationale.
Au local « La Solidarité », à la Basse Hestre, il côtoie des hommes comme Théophile Massart, Abel Daivière, Emile Herman, Emile Rousseau, Fidèle Cornet et d’autres membres de l’Internationale. En 1873, il sera à leurs côtés l’un des fondateurs à La Hestre du premier cercle de Libre-Pensée. Autodidacte par la rigueur de sa classe sociale, esprit curieux et entreprenant, il crée de sa propre initiative des cours, lesquels sont donnés le soir au salon du Tordoir. Parmi ses élèves, il a Emile Herman, Désiré Coulon, les frères Rousseau dont Emile sera comptable et Directeur-Gérant du « Progrès », Aristide Boulanger, premier chef de musique de « La Lyre Ouvrière ». Les examens ont lieu à Seneffe ; l’instituteur officiel obtient trois diplômés sur sept et le professeur occasionnel voit neuf réussites sur … onze. Fayt en parla beaucoup.
C’est encore lui, avec Théophile Massart, qui va visiter les installations du « Vooruit » à Gand et fait rapport à « La Solidarité ». Par ailleurs, il est le premier correspondant du journal « Le Peuple » dans le Centre.



Jules STRACMAN
Né à Petit-Enghien, le 6 février 1851.
Très jeune, il descend dans la mine et vient s’installer à Fayt. Il est en 1868 le premier trésorier de l’Union des Mineurs du Centre. En 1869, il fait partie du groupe des fondateurs de « La Solidarité » et en 1886 un des constituants du « Progrès » de Jolimont. C’est Jules Stracman qui remplit en premier lieu les fonctions de camionneur de la société coopérative.

Emile Rousseau
Né à Fayt, le 8 décembre 1859.
Ouvrier métallurgiste, il doit, à peine âgé de 20 ans, remplacer Théophile Massart comme secrétaire de « La Solidarité ». En 1886, il est du groupe des fondateurs du « Progrès » et y entre comme aide-boulanger ; un an plus tard, il devient employé de cette coopérative et remplace plus tard Henri Léonard comme comptable.
A la mort de Théophile Massart, en 1904, il est désigné comme Directeur et devient membre du Conseil d’Administration et de l’Exécutif de la Fédération des Sociétés Coopératives ainsi que de l’Office Coopératif Belge et que de la Prévoyance Sociale.
Il a aussi siégé pendant de nombreuses années comme Echevin de l’Instruction Publique à Fayt et décède dans la localité en 1928.

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